PLANTATION VICTORIA.
(1893 – Note a ajouter a la Biografie de
Ferdinand)
Cette
Plantation, ancien etablissement Jesuite, a une bonne lieue audessus de l’embouchure
du fleue Cachoeira, près d’Ilheos, port de mer de la province de Bahia, fut
vendue par un de ses oncles a mon frère Ferdinand, par acte du 5 Sept. 1856,
pour le prix de 40 Contos & une rente viagere de 2 Contos.
Prix de
faveur, puisque mon frère estimait cette plantation, de trois lieues carrées
Bresiliennes de terrains & 103 noirs, alors a 80 Contos & son revenu a
10 ou 15 pour cent de ce prix. La taxe d’achat a payer au fise etait Quatre
& demi Contos. Le Conto egal alors a 2000 frcs de France. 24 des Negres
etaient Africains ; le reste Créoles, c-a-d nés sur la plantation. La
culture se bornait au Café. Les bâtimens d’habitation & les usines assez
compliquées pour secher, fermenter & travailler le café existaient, mais
furent, ainsi que toute la plantation, agrandies & ameliorées par mon
frère. Il eut de plus l’idée excellente, d’introduire aussi la culture du
cacao, exigeant beaucoup moins de main d’œuvres & Travaux que le café, mais
n’arrivant a produire que dix ou douze ans après sa plantation, terme très long
pour l’impatience coloniale. C’est cette culture qui sauva le bienêtre de sa
famille, lors de l’abolition foudroyante & sans dedomagement de l’esclavage.
Mon Père n’approuvant pas l’emigration de mon frère, ne lui fournit pour cet
achat aucun secours ; mon frère acheta en restant debiteur de tout le
prix. Il avait donc a payer a la maison Jezler, qui lui avait avancé le capital
d’achat, une somme annuelle d’interet a 7% de 7800 frcs. Le beaupère de mon
frère se chargea de la motié de ces interêts, comme une partie de la dot de sa
fille. Mon frère restait donc devoir par an 3900 frcs, plus la rente viagère de
Mr May son oncle, de 2 Contos ou 6000 frcs, soit en tout 10000 frcs, de sorte,
que les 10000 premiers frcs de rapport de la plantation etaient absorbés par
les interêts a payer ; & le reste du revenu formait le budget de mon
frère pendant les années ou il n’avait pas encor receuilli son heritage.
Heritage receuilli entre 1866 & 1872.
Mon frère,
apart les agrandissement de la Victoria, fonda a 12 lieues plus a l’interieur
une nouvelle plantation, Salgado, a l’embouchure du Salgado dans le Cachoeira.
Mais après beaucoup de peines, il dut l’abandonner, parce qu’elle ne plaisait
pas a son fils Alberto, auquel il la destinait. Salgado fut echangé contre deux
autres plantations a six lieues de la côte, l’une de 6000, l’autre de 2000
pieds de Cacao, plus d’autres terrains incultes.
Une de ces
plantations appartient aujourdhui a Alberto & l’autre a ma sœur Elise. Les
recoltes de café (…) souvent, & le cafier cesse de porter a 8 ans déjà Mieux
c’ettait la cane a sucre, autant qui durait l’esclavage.
Par son
epouse, Ferdinand avait de plus part au grand terrain des Sâ encor inculte d’Atalaja,
ou il fit en 1876 une expedition de recolte de Piassava, qui compromit
gravement la santé de son fils Alberto.
Après la
mort de mon frère en 1887 la Victoria fut estimée comme suit Pour trois lieues
carrées de terrain, cca 50 Kilom carrés
valeur de 40 Contos
Provision,
bâtimens, machines - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - id 40 Contos
Valeur de
130 Noirs - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - id 15 Contos
Total donc
- - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - 95 Contos
Ou environ
290000 frcs de France.
Cette
estimation me parait insuffisante, & faite basse, pour eviter des trop
fortes taxes de succession au Fisc Bresilien. Les noirs surtout sont estimes
trop bas, peut-être en vue de l’emancipation qu’on prevoiait alors, sans
cependant savoir, qu’elle deviendrait aussi desastreuse, puisque les Noirs
furent liberés tout a coup en 1890, sans payer un sou ni a l’etat, ni aux propriétaires.
Toute la recolte de café de cette an née pourrit sur les arbres ; il y eut
des cas de suicide, & de folies par desespoir de familles de planteurs. Des
gens riches se trouvaienr ruinés d’un jour a l’autre, obligés de faire eux même
leur cuisine & de couper leur bois etc. Tout cela au fond sans necessité,
par maladresse du gouvernement.
Un esclave
vigoureux se payait 2000 Frcs ; c-a-d qu’on n’en vendait guère, mais les
estimait ainsi en achetant une plantation.
La Victoria
ne conserva que trois ou quatre Noirs, parmi les gens de la maison & une
douzaine parmi les ouvriers, & ainsi put, grâce a ses plantations anciennes
& déjà en rapport de Cacao, se maintenir pendent la crise. Depuis, il est
devenu possible de retrouver des ouvriers, en leur payant les journées a un
franc & demi, plus la nourriture.
Au premier
moment, les noirs ne voulaient pas travailler du tout, pour qui que que soit.
Le gouvernement leur donnait pour rien des terrains dans les forets vierges, ou
ces noirs se faisaient de petites plantations, & vivaient contens.
Une mesure
par l’aquelle la Victoria sut se procurer & se maintenir des ouvriers, fut
l’establissement d’une espèce de boutique pour les noirs, ou ceux-ci trouvent
sans cela qu’a grande distance, a des prix chers, en ville, chez des marchands
qui les trompent. Ils viennent aussi apporter a la Victoria leur cacao brut, qu’on
leur achète & fait ensuite secher dans les usines de la plantation.
Apresent la
plantation se borne a la culture du cacao, dont mon frère avait peu a peu
planté 200.000 pieds, environ a 1600 pieds par Hectare de sol. Les trois quarts
de ces arbres ont per jeunes, parce que le terrain ne leur était pas assez
humide. Le reste prospère, mais ne donne, pour la même raison, que des moissons
inferieures en quantité. Une plantation de dix mille pieds de cacao, que mon
neveu Fernando possède a quelques lieues de Victoria, & apellé Allegria,
raporte, ditil, plus de cacao que les 50000 de la Victoria, a cause du bon sol
de Allegria. Le produit brut d’un arbre
de cacao en cette dernière localité, est d’environ Quatre francs par an.
Fernando
acheta cette plantation d’un vieux Portugais malade pour 12000 frcs ; on
lui en a depuis offert 50000 frcs, mais in ne vend pas, & veut au contraire
agrandir Allegria jusqu’à 50000 pieds de cacao. Pour mesurer Allegria &
poser des bornes dans la forêt vierge qui y appartient, il fallut payer 2000
frcs, ou 16% du prix d’achat.
Aussi
beaucoup de propriétaires negligent ce mesurage couteux. Les limites de
Victoria se perdent aussi dans des forêts vierges non mesurées.
Le cacao,
une fois en rapport continue de porter pendant plusieurs generations ; on
connait des plantations de 80 ans toujours florissantes. Il lui faut un climat
pleinement tropique & un sol gras profand & humide. Il donne un ombre
epaisse, sous l’aquelle ne pouss aucune mauvaise herbe. On n’a d’autre peine,
que de couiliir pendant toute l’année les fêves murissantes peu a peu, a
sarcler & creuser autour des troncs & a sècher le cacao au soleil. Les
acheteurs viennent a Ilheos & jusqu’à present, la demande exède le produit
& les prix montent. Aujourd’hui le cours de change Bresilien est detestable ;
car pour un Milreis, qui valait autrefois trois francs, on n’obtient plus
aujourdhui qu’un franc a cause du disagio des banquenotes. Mais cela ne derange
pas le debit du cacao, qui se vend en or.
En 1893 le
fils ainé de mon frère, vint, après 22 ans d’absence faire une tournée en
Europe, qu’il avait quittee 1871 comme etudiant. Il vient chercher guerison d’un
mal aux reins qui le tourmente. C’est un homme vigoureux, de 40 ans,
ressemblant beaucoup a son père, causeur & un peu brodeur comme lui, gai
& aimable. Après la mort de mon frère en 1887, les enfans, 4 filles & 3
fils, se partagèrent les plantations & bâtimens, mais pas la grande surface
de forêts vierges de Victoria, ni la maison & magazins a Ilheos, ou
Fernando est membre de la municipalité. Alberto eut pour sa part la plantation
Paradiso, cidessus mentionnée. Kerubino, absent a Rio dans sa position de
chef-ingenieur du grand Railway Bresilien, & les quatre sœurs, remirent la
gestion de leurs parts a Fernando, qui exploitait ces parts avec la sienne
& avec sa propre plantation de Allegria. Pour tous, le cacao est la culture
principale, presqu’exclusive. On cultive seulement encor les maniocs &
autres Alimens domestiques. Queles petires surfaces sont amodiées a des nègres,
anciens esclaves.
Les nègres
de la plantation ont continués, après leur liberation, de se nommer selon leur
ancien maitre- donc soit Steiger soit Fernando, pour la Victoria ; &
ont aussi garde la coutume en rencontrant l’ancien maitre - s’il était bien vu –
de lui demander comme salut sa benedictio. « La Bença, Señhor Yoyo !
Fernando regrettait l’abolition de l’Empire, parce que la bureaucratio en était
devenue encor plus oisive & venale. Il venait d’arriver, que le gardes
douaniers envoyés par le gouvernement de Bahia a Ilheos, afin d’y soigner les
douanes, avaient eux même commis des vols avec infraction dans les magasins des
marchands & avaient été traités de coups de fusils. Ilheus va, sur le
conseil de Fernando se créer une garde municipale pour se proteger.
Kerubino
eut aussi une emeute de ses ouvriers a vaincre, & dut pour cela faire venir
des soldats avec leurs cartouches de Rio Janeiro. Heureux que ces soldats ne
fissent pas cause comune avec les mutins, grâce a l’energie & tact de
Kerubino, qui dut se contenter de renvoyer les mutins, après qu’ils eussent
reparés le domage qu’ils avaient fait au batimens, sans autre punition.
Fernando a aussi conservé auprès des noirs son titre de Yoyo c-a-d fils ainé du
maitre.
Plusieurs
des parens de la mère de Fernando vivent encor en voisinage de Victoria. Aucun
des trois frères ne songe a se marier. Ils ont 38, 39 & 40 ans. Des quatre sœurs,
l’ainée Libussa, née 1859, mariée 1879 au capitaine de vaisseau Italien, Joan
Adami, est veuve sans enfans depuis 1883, La seconde, née 1860, epousa en 1886.
Don Luigi de Magalhaes-Castro, des premières familles de noblesse Portugaise
& en a trois filles. Il était en 1893 absent a Rio pour y entrer dans un
bon emploi de l’Etat & s’etablira sans doute a Rio. Ces 3 fillettes sont
apresent encor les seules petits enfans de mon frère.
La
troisième souer, Julia, souvent demandée en mariage, & encor en dernier
lieu par un voisin de grande famille fort riche & influent, est
maladive & refuse tous ces offres. La quatrième, née 1864 parait avoir en
dernier lieu perdu son cœur pour jeune Suisse, occupé dans la maison de banque
de Jezler, & appartenant a l’aristocratie (Abseulement faux ! C’est un nommé Braem de Bülach, famille ouvrière que est mort à Davos au ronde l'anno 1903 laissant un fils et une fille – Le père de Braem était un armurier… - Notice au crayon de E. de Steiger ing). C’est singulier, de voir ces sœurs
se marier si tardagées de 26 a 28 ans.
Voila l’image
que Fernando me fit de sa famille. Ils sont grâce a Dieu tous en bonne
position, vivent en bonne intelligence & se rendent utiles chacun de son
Côte.
Marienberg Juillet 1893 Albert Steiger
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