Bahia le 11 Janvier
1864
Mon cher Père
Tu vois que je suis
en deuil ; c’est de mon beau-père, mort le 20 Novembre d’une attaque
apoplectique, qui lui a laissé à peine 3 jours pour terminer sa vie à l’âge de
57 ans ; il était fort, robuste & bien portant de manière à devoir
vivre au moins encore 20 ans. Cela a été un rude coup pour moi, car il était
mon meilleur ami dans ce pays. Quant a ma femme il est inutile de dire que
cette perte l’a plongée dans une profonde désolation.
Les soins de la
liquidation des affaires du défunt, dont j’ai été chargé par sa veuve & les
trois enfans, m’ont forcé a faire un voyage à Bahia où je me trouve depuis le
25 Décembre, devant partir demain pour Ilhèos, à ma grande satisfaction. J’ai
trouvé l’etat (…), ainsi que je m’y attendais ; mais j’ai arrangé les
choses (…) & j’espere que tout ira pour le mieux.
Je t’ai écrit, si je
ne me trompe, au mois de Septembre ; depuis ce temps il ne m’est arrivé
rien de particulier si ce n’est la mort de mon beau-père, mon voyage à Bahia
& le surcroît le besogne qui m’arrive par la gestion des affaires du défunt.
– L’Archiduc Maximilien me demande un plan de la province d’Ilhèos &, comme
il n’en existe aucun, il faudra que j’eu fasse un moi-même : autre
surcroît de travail, sans compter mes affaires de Consulats suisse, prussien
& autrichien qui m’ont donné du fil a tordre à la suite de plusieurs traités
internationaux nouvellement introduits & qui trouvent des difficultés &
de la mauvaise volonté de la part des autorités du pays.
Heureusement que ma
santé est bonne, quoique je souffre toujours quelque peu du foie, concéquence
infaillible des fièvres intermittentes du séjour prolongé dans un pays chaud
& humide. Tous les miens aussi se portent parfaitement ; il n’y a que
les nègres qui font exception cette année-ci & dont plusieurs sont morts.
Quant aux affaires
elles vont toujours leur petit train / pas trop (…) /. L’insecte à café
continue ses ravages quoique avec moins d’intensité que les années passées, de
sorte que ma récolte de café sera assez bonne. Le coton que je cultive sur une
grande échelle vient parfaitement & on commence déjà à en cueillir. J’ai
grand besoin d’une bonne récolte (…). Heureusement que jusqu’àprésent le temps
a été des plus propices à toute végétation : forte chaleur accompagnée de
pluies abondantes quotidiennes – en revanche c’est un vrai temps de fièvre.
Je termine pour
aujourdhui en saluant tous les parents de Berne ; j’embrasse ma mère &
mes sœurs, ainsi que le beau-frère Charles ; ma femme se recommande toujours
à votre affection (à tous ?). – Que Dieu vous conserve à tous la vie &
la santé.
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