Mittwoch, 10. August 2016

20/11/1861 (Vater)

Victoria le 20 Novembre 1861
repondu 10 Jan 1862


[A. S. - Heimker aus Europa]

Mon Père bienaimé

Me voici enfin de retour à mon foyer domestique depuis de 2 du mois courant. Mon entrée s’est effectuée avec toute la solemnité & l’allégresse possibles ; ma femme seulement n’a pu réprimer un débordement d’amour maternel & m’a reçu les larmes aux yeux avec le cri  "mes enfans !"  [A. S. - Er hatte sie nach Europa zur Erziehung gebracht]

Maintenant tout a repris son train ordinaire, le besogne ne me manque pas, &, si ce n’était le vide occasioné par l’absence de mes trois enfans, tout mon voyage en Europe m’apparaîtrait comme un songe. Toutefois je dois avouer que je m’en ressens encore, grâce au mal du pays qui m’attriste. La vie d’Europe est si belle, si attrayante, que mon état d’anachorête me pèse.  Autrefois je n’aurais pas échangé ma position contre le sort le plus brillant en Europe ; maintenant mon oppinion est bien changée. Enfin espérons que ce moment de découragement causé par le Heimweh sera passager & que, bientôt je me vouerai de nouveau à mes occupations avec le contentement d’une vocation choisie & non plus avec la simple résignation d’un devoir implacable à accomplir. – Grace à l’activité sensée de ma femme j’ai tout trouvé en parfait état &, ce qui est le principal, les nègres contens & gais. Elle a plus de tact & savoir faire pour gouverner ces gens-là, que je n’en ai moi-même.

La seule mauvaise nouvelle a été celle de la récolte de café complètement manquée, ce qui n’est la faute de personne, mais une conséquence naturelle de la sècheresse horrible de l’an passé. Heureusement que les perspectives pour la prochaine récolte son telles, que je crains ne pas avoir les forces nécessaires pour la rentrer. J’espère faire pour près de 100.000 francs entre café & cacao, à moins que quelque fleau, semblable à la sécheresse de l’année passée, ne vienne de nouveau anéantir les esperances les mieux fondées. Enfin, Dieu sait ce qu’il fait !

Tu as, sans doute déjà reçu ma dernière, datée de Bahia 29 Octobre, & qui T’anonçait mon arrivée dans cette ville. Si nous avions ici les facilités de communications d’Europe, j’aurais pu T’écrire par Steamer de Southampton du 12 ; mais ici on ne va pas si vîte.

Lors de mon passage à Colombier j’ai réglé avec Mr. Barrelet le compte des dépenses de mes enfans, restant lui devoir un solde de 200 francs. Jusqu’au 1er Janvier le montant de leurs frais de pension sera de 750 francs. Je Te prie de bien vouloir remettre à Mr. Barrelet cette somme ou en entier ou en partie, selon que je sois plus ou moins crédité dans notre compte courant ; en Te remerciant par anticipation de cette faveur, ainsi que de toutes celles à venir.

 La présente devant Te parvenir de derniers jours de cette année, je profite de l’occasion pour Te souhaiter une bonne & heureuse année, ainsi qu’à Maman, Elise, Thérese, Charles & tous les oncles, tantes, cousins & cousines, auxquels je me recommande en même temps : Puissions-nous dans 3 – 4 ans nous revoir tous, ainsi que je l’espère.

Ma femme Vous prie tous d’agréer l’expression de ses sentimens affectueux & respectueux. Adieu ! Je Vous embrasse tous avec une tendre amitié.

                                                                               Ton fils dévoué F. Steiger


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